Ils sonnent les cloches de Saint-Goustan comme jadis


Roger le sacristain est sonneur des cloches de Saint-Goustan depuis quarante ans. Marie-Thérèse son épouse lui donne un coup de main. Tous les deux ont donné leur vie à la paroisse et à l'entretien de l'église du XVe siècle. Un sacerdoce, ou quasi. - Autor: WADOUX, Pierre

L'histoire

Ça ne s'invente pas. Roger le sonneur de cloches de Saint-Goustan habite à deux pas de l'église. On ne peut plus pratique pour être prêt à sonner à la seconde près.

Roger Rosnarho, 81 printemps révolus, est sonneur de cloches et sacristain depuis quarante ans ! Un peu fatigué ces derniers temps, Roger ne peut plus officier comme avant. Alors c'est Marie-Thérèse, 77 ans, son épouse, qui tire les ficelles : c'est à elle qu'incombe la lourde tâche de sonner solennellement, à chaque messe et cérémonie, ces bonnes vieilles cloches de la bonne vieille église de Saint-Goustan, édifice daté du XVe siècle.

Pas d'électronique

Ici, pas de système de commandes électronique ni de programmateur qui tienne. On sonne à l'ancienne... Comme toujours, mais peut-être pas pour toujours. « Après nous, qui reprendra le flambeau ? » La question mérite d'être posée, car, après Marie-Thérèse et Roger, personne pour se presser au portillon qui mène au clocher.

Roger, le sacristain diplômé en 1977 par Mgr Gourvès, évêque de Vannes pour vingt-cinq ans de loyauté à la paroisse de Saint-Goustan, est tombé dans le chaudron tout jeune. Comme son maître à sonner et prédécesseur, André Simon aujourd'hui décédé. « Ça se passait ainsi autrefois, on se repassait le savoir-faire ».

André a été sacristain pendant soixante ans. « Lui, il grimpait le long des échelles qui mènent jusqu'aux cloches. Je ne m'y suis jamais risqué comme lui ».

À chacun son rythme. Imprimé aux cloches en fonction des cérémonies. « Aujourd'hui, explique doctement Marie-Thérèse, on ne sonne plus que deux cloches sur trois. Surtout une pour ma part, la moyenne. La grosse, celle que tirait encore Roger il y a peu, c'est au-delà de mes forces ».

Sans doute les derniers en Morbihan

À ce niveau de la compétition, sonner est question d'oreille et d'équilibre, de doigté mêlé d'énergie puisée au plus profond de l'âme... « La première fois que je m'y suis essayée, se souvient Marie-Thérèse, mes mains glissaient, râpaient sur la corde. J'étais ensanglantée. Ça n'est jamais arrivé à Roger, il est bien trop malin ! ».

L'ancien ébéniste sait de quoi il retourne : c'est du fil à retordre pour l'apprenti sonneur qu'il fut. « D'abord bien se saisir de la corde puis imprimer un rythme à la première cloche, puis à la seconde. Celle-ci, une fois lancée, on doit l'accompagner et lui donner la juste impulsion. Même processus pour la troisième ». Voici qui demande technique et concentration. « Mais ce n'est que du bonheur », disent de concert Marie-Thérèse et Roger, unis autour de leur bon vieux clocher.

Amoureux de leur quartier, émus d'entendre en vrais Gustannais résonner encore les cloches tant qu'ils pourront. Ils sont sans doute les derniers en Morbihan. Après eux ? « Dieu y pourvoira... »

WADOUX, Pierre

Ouest France (27-09-2013)

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